samedi 25 novembre 2017

À la découverte de la Côte-Nord, le Peuple Innu

En préparation de notre deuxième saison de vanning, nous avions décidé d'aller jusqu'au bout de la 138 pour dire qu'on l'avait fait et prendre l'iconique photo de notre accomplissement. Nous avons eu bien plus. Dans cette série d'articles sur nos 2 voyages à la Côte-Nord, je vais commencer avec le dessert, la rencontre avec le Peuple Innu dont je ne connaissais aucunement l'existence avant notre départ.
La tente interactive au centre culturel d'Ekuanitshit.

Le Peuple Innu est établie depuis des millénaires sur la Côte-Nord. Ils occupent des villages le long de la Côte. Je déteste le terme "réserve", pour moi l'image de ce mot me rappele les réserves fauniques. La traduction littéral de "Innu" en Français est "humain".

Ekuanitshit cours de banik.

Notre première interaction avec les Innus fut à Pessamit lors d'un arrêt pour dîner sur le bord du fleuve. Une plage incroyable de toute beauté longée de maisons sur l'autre coté de la rue avec l'église et la station radio locale. L'interaction intime entre les habitants, la proximité des maisons dans ce coin de paradis qui ne doit pas en être un en février, nous a laissé perplexe. On est où? La question se posait car je me sentais comme si je venais de me stationner dans la cour de quelqu'un sans y être invité. La question se posait, "on peux tu se stationner ici pour manger?". "Certains!" qu'on nous réponds avec un grand sourire. Pour un Montréalais qui a été habitué à des regards méfiants et même parfois méprisants lorsque je me suis perdu à quelques occasions autour de Chateauguay, c'était plutôt rafraîchissant. Après avoir mangé nous avons pris le temps de profiter du paysage et parler avec les gens du coin pour répondre à mes questions stupides dans le genre "Ça l'air de quoi en hiver ici?". Une belle expérience dans un superbe coin de pays. Nous sommes retourné en 2017 pour une autre pit stop. Toujours aussi beau et accueillant.

Pessamit été 2015

Notre deuxième rencontre fut à Pointe-Parent. Arrivé à Natashquan tard en soirée, nous avions élu d'y rester avant de faire le dernier 41km jusqu'à notre destination finale à Kegaska. Le magasin général nous informe qu'il est interdit de stationner de nuit dans la ville et que nous devons utiliser le camping municipal. Ça pas l'air. Nous voyons sur Google maps Pointe-Parent à quelques kilomètres à l'Est et décidons de nous y installer. Coup de pot, un espace vide directement sur le bord du St-Laurent semble disponible.

Pointe-Parent été 2015
Nous savions que nous étions dans un village Innu et je me suis rendu à son magasin général pour m'informer si nous y étions les bienvenus. "Pas de problème." était la réponse qui fut suivi des achats que nous devions faire auparavant. Devant nous les chaloupes à moteur utilisées pour la pêche locale. J'admirai le courage fou des pêcheurs qui s'aventurent dans ces petites embarcations pour braver les vagues du Golfe à chaque jour. "Vous avez du courage d'embarquer la dedans pour aller à la pêche." "Tu viens de où?" "Montréal." "Connais pas ça Montréal." Le tout suivi d'un grand rire sincère. C'était mon introduction à l'humour Innu. L'autre élément qui m'a surpris est que Pointe-Parent a autant de chiens errants que Montréal a des chats. Je vous averti, si vous en nourissez un, il vous adopte dans sa meute instantanément. Ils sont très insistants avec leurs yeux cute et pour la plupart, ils ne sont pas méchants.

Notre compagnon d'un jour à Pointe-Parent été 2015

Notre troisième rencontre fut la plus surréel et la plus intime. Nous étions dans un camping à l'Est de Havre-St-Pierre et je vois à la télévision à l’accueil un reportage sur une barricade du chantier de La Romaine par les Innus et les Cayens (Les Acadiens de la Côte-Nord). Le propriétaire m'informe que ça se passe à 20 minutes d'ici! Je suis photographe et à l'époque je shootais pour 99Média. On saute dans la van et on part.

La reconnaissance de nos droits passe par le respect du Nitassinan (Notre territoire)

Arrivé sur place je stationne la van le long de la 138, passe la ligne des policiers de la SQ et je vais à la rencontre du Chef pour savoir si on veut bien m'avoir sur place. On m'acceuille à bras ouvert, on nous offre à manger et ce qui a suivi fut une de mes meilleures expériences de photojournalisme à vie. Ce fut une occasion incroyable de connaître les Innus et les habitants locaux dans un moment de solidarité intense. Sans aller dans les détails, la cause était noble et la démarche était pacifique mais déterminé. Le tout c'est réglé le soir même et fut suivi d'une autre aventure, mais celle là est pour une autre fois.



Le blocus est levé après une discussion avec le Premier Ministre.

Notre dernière rencontre avec les Innus en 2015 fut à Ekuanitshit (Mingan) au Centre Culturel ou il fut possible d'en apprendre plus sur l'histoire du peuple et même d'avoir un cours de cuisine. Céline voulait apprendre à faire de la banik, un pain sans levure. Délicieux. Encore une fois nous avons été capable de passer la nuit dans ce petit village. Nous y sommes retournés en 2017 et nous avons eu la chance de visiter les chutes de Mingan à l'intérieur des terres. J'y ai fait la rencontre du Garde Pêche. En arrivant on lui demande s'il est permis d'y passer la nuit. "Certainement, t'as pas peur des braconniers? Tu veux que je te passe une arme?" De l'humour Innu encore. Les mouches et moustiques ont fait leur apparition en quantité biblique au point où le Garde Pêche me dit "Il y trop de mouches icitte, je m'en va." On est parti nous aussi! Nous sommes retournés au village sur le bord de l'eau et en avons profité le lendemain pour manger une des meilleurs poutine au Québec, la meilleure à l'Est de Sainte-Geneviève. La place à l'air de rien mais la bouffe est excellente.

Ekuanitshit


Balade en famille

Les Chutes Mingan


Meilleure Poutine à l'Est de Sainte-Geneviève.
Pour notre voyage sur la Côte-Nord je m'attendais à voir de superbes paysages et être dépaysé. J'y ai trouvé bien plus. J'ai découvert une nouvelle culture et des gens formidables. Un autre monde à l'intérieur des frontières abstraites du mien. Les Innus sont chaleureux et accueillants mais n'oubliez jamais que vous y êtes en tant qu'invité et que le respect des lieux est de mise.

Bonne route.

Gerry

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